4ème Rencontre Solidarités créatives11

Date de la réunion : 02/10/2021
Nom de l'auteur du compte rendu : Françoise Dahmane et Sophie Maisondieu
Compte rendu : Rencontre Solidarités Créatives 1e du samedi 2 octobre 2021 à l’AGECA
Cette rencontre a pour objet un récit de coopération entre une association et une structure académique et municipale.
Afin de témoigner de façon concrète, à deux voix, de la construction d’une coopération, des conditions de sa réussite, et d’attirer l’attention sur les points de vigilance à observer.
Elle a réuni Patricia Le Jean, Directrice de l’association GRS Paris 11e et Leïla Olivesi, professeur de piano jazz au conservatoire municipal Edouard Munch.
Etaient présents des membres des associations GRS Paris 11e, Autour du 1er Mai, les Ateliers du Chaudron, la section LDH Paris 10.11, un membre du comité de quartier Bastille Popincourt et l’élu en charge de la participation citoyenne, de la démocratie locale et de la prospective.
1) Le projet « La rythmique du jazz » : son origine, ses étapes
Ce projet est né de la rencontre entre Patricia et Leïla dont la fillette était pratiquante au sein de la GRS Paris 11. Le désir de travailler ensemble a très vite donné naissance au projet d’un spectacle qui s’est intitulé « La rythmique du jazz », a réuni élèves musiciens du conservatoire et pratiquant.e.s de GRS, de plus en plus nombreux chaque année. La 1e année il s’est déroulé dans l’auditorium du conservatoire, dans la salle Olympe de Gouges la 2e année et de nouveau au Conservatoire la 3e année, sachant qu’aucun de ces lieux n’est totalement adapté, la hauteur de l’auditorium ne permettant pas l’usage habituel des ballons et cerceaux et la salle Olympe de Gouges ne favorisant pas l’écoute de la musique. L’intention de Patricia et de Leila étaient de « rendre visible » une coopération entre les élèves musiciens et danseurs, d’articuler de manière professionnelle musique et chorégraphie ; également de réussir une coopération entre une association et une structure académique et municipale car « ce n’est pas gagner, en tant qu’association, de travailler avec le conservatoire ».
2) Les effets du projet sur leurs publics respectifs, sur GRS Paris 11 et l’atelier jazz du conservatoire
Sur le plan pédagogique, il y a une grande richesse de cette expérience pour les élèves (23 musicien.ne.s et 30 gymnastes concernés) car elles et ils ont été contraintes de travailler dans un esprit de collaboration respectueuse des autres ce qui en fait une école de tolérance.
Il y a eu un apprentissage mutuel des contraintes de l’autre discipline artistique avec « l’obligation de s’adapter au cadre de l’autre » ; par exemple Leila proposait des musiques, en respectant le plus possible la dimension d’improvisation du jazz, et Patricia faisait danser ses élèves sur ces enregistrements, en respectant aussi leur capacité à improviser. A l’apprentissage d’intégrer la contrainte artistique de l’autre, s’est ajoutée celui de travailler une chorégraphie à distance (période de confinement) sans être dans un espace concret.
Est soulignée également l’exigence de qualité à laquelle les danseurs et musiciens sont contraints dans la présentation d’un spectacle « la performance est importante et rien n’est jamais gagné à ce niveau »
Enfin cette expérience est valorisante pour elles et eux car il s’agit d’un spectacle de dimension professionnelle : réalisation d’une affiche, d’un programme.
A noter aussi les effets d’élargissement du projet qui finit par associer d’autres acteurs que les élèves et leurs enseignants comme les techniciens du conservatoire.
3) Les enseignements tirés par Patricia et Leila sur leur expérience de coopération.
Pour coopérer,
Il faut d’abord le « vouloir », une curiosité et une ouverture à l’autre.
il faut sortir de l’entre-soi, se décentrer de son objet pour ouvrir le regard sur l’autre, être à l’écoute de ses besoins.
Il y a un enjeu à bien prendre en compte les possibilités d’implication des partenaires du projet car, dans le bénévolat, « on n’est jamais sûr de pouvoir compter sur les engagements des uns et des autres », qui sont à doses variables. Ne pas en demander trop, accepter que les niveaux d’implication ne soient pas les mêmes pour toutes et tous.
Cette coopération existe à tous les niveaux de l’association car le projet éducatif et artistique de la GRS se fonde sur la solidarité entre les générations, entre les élèves, entre les cultures ; les spectacles sont co construits, de la chorégraphie jusqu’au décor en passant par les flyers de présentation. A chaque fois « il faut faire du grandiose sans trop de budget ».

4) Conclusion et réactions de la salle :
On voit que ce qui a rendu cette expérience possible tient à ce que les deux partenaires partagent un cadre de références communes : droits culturels, éducation populaire, l’exigence de la performance artistique… mais aussi une confiance qui aide à gérer leurs désaccords.
On voit aussi que plus on ouvre, plus ça s’ouvre : on repousse les murs ! une coopération a des effets de démultiplication dans l’écosystème.
Dans ce projet, le besoin de transmettre aux plus jeunes a généré de la créativité sans « sacrifier » à l’exigence de professionnalisme.
En termes de moyens financiers, ce projet est d’abord porté par le bénévolat et le temps qui y consacrent Leïla et Patricia ; mais il y a aussi la trésorerie d’une association qui existe depuis longtemps avec les cotisations des adhérents ; il y a surtout l’esprit « Récupération » de ses adhérents pour le matériel nécessaire au spectacle !
Les pistes de coopération qui émergent de ce récit :
Leïla parle de son projet d’une version française d’un film sur Duke Ellington ; elle cherche à valoriser un travail de reportages réalisés par des étudiants. Une synergie Cinéma Le Majestic Bastille et Conservatoire du 11ème est envisagée pour trouver un producteur.
Une coopération entre la LDH et la GRS Paris 11 est à imaginer sur les droits de l’homme ; Patricia a fait un travail avec des vietnamiens sur les accords de paix.